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2012

Au fil des pages, La guerre et la paix (1861) s’impose vite comme un travail de recherche ambitieux, qui, s’il a une portée pratique, n’en est pas moins avant tout, de par son inventivité même, un chef-d’œuvre du courant phénoménologique. De paragraphe en paragraphe, de chapitre en chapitre, l’explicitation rigoureuse de ce que Proudhon nomme ici la « phénoménalité de la guerre » accomplit ce qui semblait impossible : réhabiliter, contre la célèbre critique rousseauiste du droit du plus fort, l’idée d’une unité native du droit et de la force. S’opposant à toute la tradition des penseurs du droit naturel du XVIIe et du XVIIIe siècles, ainsi qu’aux opinions de son temps, l’auteur de La guerre et la paix s’efforce alors de refonder nos théories politique et cosmopolitique du Droit à partir d’une reconnaissance assumée du primat de la force et de la guerre. Qu’une telle perspective puisse aujourd’hui nous choquer, ou du moins, heurter nos habitudes intellectuelles, est compréhensible. Qui consentira néanmoins à ne pas d’emblée détourner le regard de ce qui, dans ce livre, et mieux que nulle part ailleurs, se donne à voir, remarquera que Proudhon, en quête de justice et de paix, nous propose avant tout de penser méthodiquement, pour mieux la contenir, l’instabilité originaire du sol juridico-politique.

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